Page:Rességuier - Dernières poésies du comte Jules de Rességuier, 1864.djvu/205

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Si d’une robe blanche et de fleurs nuancée,
L’existence pour eux se pare chaque jour,
Et se montre à leurs yeux comme une fiancée
Toute rayonnante d’amour ;

Si des bruits de la gloire un écho nous remue,
Si les absents toujours sont chers et regrettés,
Si l’on parie d’amour avec la voix émue,
Si les noms qu’on aima sont encor répétés,
Si pensant aux écueils de l’Océan, on pleure
Sur son vaisseau brisé de ne plus s’élancer,
Si pour offrir à Dieu sa vie heure par heure,
On voudrait la recommencer ;

Ah ! ne nous plaignons pas, quand de la jeune fête
Tous les élans joyeux sont pour d’autres que nous ;
Ah ! ne nous plaignons pas, quand ils lèvent la tête,
Tandis que notre front penche vers nos genoux ;
Car celui-là dont l’œil dans le fond des cœurs sonde,
Ah ! celui-là sait bien qu’ici, là-bas, ailleurs,
Tous ceux qu’on a nommés les heureux de ce monde,
N’ont pas eu des destins meilleurs.