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Page:Rességuier - Dernières poésies du comte Jules de Rességuier, 1864.djvu/206

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Ce n’est plus le printemps ni la terre émaillée
De toutes les couleurs de la jeune saison ;
C’est l’automne, et la terre à demi dépouillée,
Ouvrant à nos regards un plus vaste horizon.
Lorsque novembre vient, et de son souffle cueille
Les branches et les fleurs, les parfums et le miel,
À travers les rameaux de l’arbre qui s’effeuille,
On voit mieux les rayons du ciel.

Ce ne sont plus les jours des entreprises folles,
Où chaque obstacle était rempli d’un seul élan,
Où le cœur s’enivrait au doux miel des paroles,
Et se prenait aux nœuds d’un voile ou d’un ruban.
C’est l’heure où de la vie on comprend la chimère,
Où l’on sent qu’ici-bas tout n’est que vanité,
Et ce dernier moment, ce moment éphémère,
Sera demain l’éternité.

On voit comme un présage une feuille qui tombe,
Un astre se voiler, une fleur se flétrir ;
La nature qui meurt nous prépare à la tombe :
On se sent jour à jour plus doucement mourir,