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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER

cornues, qu’il voulut entrer auprès d’elle, au risque de l’éveiller. La belle vitrière reposait chastement. — Hélas ! se dit en lui-même le pauvre de Valenclos, si je n’avais épousé qu’elle, je n’aurais pas en ce moment un triple panache ! Il se mit au lit auprès de sa véritable épouse, et il dormit, ou pesta, le reste de la nuit.

Le lendemain, il dit à sa femme qu’une affaire indispensable l’obligeait à faire un voyage, mais qui serait fort court. Pétronille parut très affligée du départ de son mari, qui, touché de sa tendresse, la consola par les plus vives caresses et les discours les plus obligeants. Il partit, et après avoir pris le déguisement nécessaire, il se rendit au faubourg Saint-Honoré pour voir quelle contenance ferait la perfide Amable. Il arriva sur les deux heures, à celle de se mettre à table pour dîner. Toute la maison était tranquille, comme la veille. Il monta rapidement chez sa femme, et il la trouva dans son appartement, qui achevait sa toilette. Il n’y avait aucune marque de tristesse sur son visage ; loin de là, dès qu’elle aperçut son mari, elle se leva précipitamment et vint se jeter à son cou. M. Eustache Dubois lui rendit ses caresses, voulant l’éprouver. Elle fut à dîner d’une gaieté ravissante. Il dissimula, et tâcha de l’éloigner de son appartement, sous quelque prétexte. Il en visita toutes les pièces, et trouva dans une, des linges ensanglantés, qui avaient servi à panser Guérin. Il parcourut toute la maison, mais sans se faire remarquer. Enfin, il découvrit que le galant était dans la chambre de la fidèle soubrette de sa quatrième femme : le chirurgien qu’il vit entrer, et qu’on lui cachait avec adresse, lui facilita cette découverte.

Sûr de son fait, il conçut pour Amable Percin le plus profond mépris, et la haine la plus violente : mais il s’observa. Vers le soir, il dit qu’il souperait en ville, afin de terminer une affaire. Sa femme s’en plaignit obligeamment, et il fut tenté de la croire sincère. Mais au lieu d’aller où il avait dit, il revint sur ses pas, et se