Eh bien ! c’est encore plus cruel ce que vous faites là. Le méchant, il ne la tue point, il ne fait que la blesser… pour la faire souffrir davantage.
Oh ! mes blessures ne font point de mal, au contraire ; vous l’allez voir. Je veux essayer sur vous cette flèche brune. Il y a bien longtemps que je n’en ai lancées de cette espèce ! (L’Amour approche la pointe du trait vers le sein de Rosine.)
Mais je ne suis pas une tourterelle, moi ! Finissez donc ! finissez ! … O Ciel ! Où suis-je ? Le méchant ! Il dit que ses traits ne font que blesser, et… je… sens… que je me meurs… (Elle tombe dans les bras de l’Amour.)
De plaisir, sans doute ?… Ne vous effrayez point, belle Rosine ! Vous allez renaître… Comment vous trouvez-vous ?
Je n’en sais rien, mais le mal est passé.
Et le plaisir dure encore, n’est-ce pas, Rosine ? Eh bien, il dépend de vous de blesser ainsi Thélamir ; prenez mes armes.
Je le veux bien. (On entend le son d’un flageolet.) (Vivement.) Le voilà qui vient… J’entends un flageolet, ce son m’annonce que c’est lui.
Votre cœur vous le dit mieux encore ! Cachez-vous là, pour le blesser avec plus de sûreté.