Page:Restif de la Bretonne - La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans, éd. d’Alméras.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
LES DEUX CINQUANTENAIRES

monsieur, il aurait été impossible qu’il en fût autrement. — Si je pouvais le croire ! — Croyez-le, si vous voulez, qu’importe et pour vous et pour moi. — Pardonnez, il importe. Je connais Parlis… Daignez seulement m’assurer que ma conduite conforme à la sienne me ferait aimer ? — Vous changez l’état des choses ; il n’est plus question de cela. Jamais je ne vous aimerai, mais je n’avais pas d’éloignement pour vous, c’est tout ce que j’ai prétendu vous dire. »

M. de Blémont allait continuer, lorsque la mère d’Elise rentra. Madame, lui dit-il, ce qui nous avait brouillés n’est qu’un malentendu, je vais monter chez Parlis pour le prier de faire ma paix. » Il y fut en effet. L’âme de Parlis était généreuse et sans fiel ; il se sacrifia une seconde fois au bonheur d’Élise et promit de tout employer pour la ramener, à condition que son ami n’y apporterait aucun obstacle, et qu’il emploierait les moyens les plus propres à se faire aimer. M. de Blémont, changé en apparence, promit tout et quitta Parlis en lui donnant carte blanche pour les arrangements.

Ce fut alors que cet homme sensible déploya toute sa générosité ; il tâcha de fléchir Élise, de la toucher, de l’attendrir, il parla surtout à sa raison. Elle consentit enfin. Parlis se hâta d’en donner avis à M. de Blémont, qui vint sur-le-champ. Mais dans l’entretien qu’il eut avec Élise, cet homme ne put s’empêcher de retomber dans ses premiers écarts. La jeune personne les dissimula d’abord. M. de Blémont n’en devint que plus audacieux ; il poussa les choses si loin qu’il obligea sa maitresse à sortir des bornes en lui donnant un soufflet. En même temps elle s’échappa de ses mains et s’enfuit auprès de sa mère. Elle garda cependant le silence avec elle, mais elle ne déguisa rien à Parlis à qui elle protesta qu’elle renonçait pour jamais à M. de Blémont. Ce dernier ne s’était pas encore retiré. Élise et Parlis le trouvèrent auprès de la mère. L’air sévère de Parlis fit comprendre à M. de Blémont qu’Élise l’avait instruit. Mais il n’en parut pas troublé, il se croyait trop au-dessus du bonhomme Parlis pour rougir devant lui. « Je viens madame, dit le dernier, vous demander