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Mes Inscripcions.

à Mlle  Constance[1], vers la fin de décembre. Choquée d’une lettre qui l’accompagnait, où je lui marquais que l’Anglaise n’était pas morte, et où je ne paraissais regretter que ma belle Amélie, elle ne me fit pas de réponse. Je lui écrivis à la fin de janvier, pour la prier de me marquer ce qu’elle pensait de mon ouvrage. Sa réponse fut qu’elle brûla ma lettre. C’est ce qui est exprimé, au-dessus du second jardin, sous la boîte de la lanterne, par ces mots : 28d jan. 1780, arsa epistola.

La quatrième date est celle du 2 février, renouvelée tous les ans, depuis cette année. Elle est sur le rebord oriental du second jardin, en venant du côté du Pont-rouge, au pié de la grille de fer. J’étais vivement affecté, la première fois que je la posai en 1780 ; le son des cloches avait remué mes fibres, je me rappelai mes années premières, à pareil jour, surtout l’année 1748, la première que je passai à Courgis[2] : je ne connaissais pas encore Jeannette Rousseau[3], mais j’étais dans cette ivresse qui prépare l’essor aux passions.

Je me ressouvins, ensuite, qu’à pareil jour, en 1749, j’avais admiré mon aimable Jean-

  1. Voir Monsieur Nicolas : « J’ai dit que je fis ce roman pour intéresser en ma faveur la jeune Constance, compagne d’Amélie. » Ces jeunes filles étaient ouvrières chez une dame Monclar, de la rue de Grenelle-Saint-Honoré. Restif s’amusait à les intriguer en leur écrivant des billets et en chantant des couplets devant leur magasin. (V. la note 1 de la p. 234.)
  2. Village de l’Yonne, voisin de Sacy, où Restif était né. Un de ses frères du premier lit en était le curé.
  3. Jeune fille de Courgis, objet de son premier amour, d’ailleurs tout platonique. Restif prétend n’avoir jamais aimé qu’elle, en ses autres maîtresses. (V. l’Introduction.)