Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/147

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diaires, jusqu’au 11 juillet 1780. Celle de ce jour était ainsi conçue : 11 jul. 80, Poinot[1] major maritata.

Il faut dire, ici, les raisons qui rendent cette date intéressante. En 1776, quelque temps avant l’inscripcion de la pointe orientale du 25 auguste, je gémissais de ma funeste passion pour Virginie : un jour, de ma fenêtre, j’aperçus une grande jeune personne qui avait une grâce infinie. Je descendis pour la voir. Je la suivis. Elle entra chés le marchand de vin du coin de la rue de Bièvre, vis-à-vis les Grands-degrés[2] ; je la crus fille de la maison, et je me dis à moi-même : « Virginie n’est pas seule grande et bien faite ; j’ai autant de plaisir à voir cette aimable personne que Virginie : c’est un pas vers la guérison ! »

Je ne me trompais pas. Depuis cet instant, je remarquai soigneusement la jolie Poinot, et, bientôt, je m’aperçus qu’elle était, non la fille du marchand de vin, mais du menuisier d’à-côté. Lorsqu’elle alait, avec ses voisines,

    pos des Contemporaines : « Continuez, grand homme, d’éclairer vos compatriotes en leur faisant aimer la vertu qu’ils s’efforcent de pratiquer ! » Il joignait à cette lettre une petite boite d’angélique de Niort

  1. Rosalie Poinot, fille d’une menuisière de la rue des Grands-Degrés, avait une sœur, Manon Sophie : « L’aînée était une belle rose, la cadette un tendre lis… » Après le mariage de l’ainée, Restif devint son amant et la rendit mère :
    « Nous parlons quelquefois d’elle, dit-il dans son Calendrier, avec sa sœur, établie du côté de la Comédie-ariette, et toujours des larmes arrosent son cher souvenir (1796). »
  2. La rue des Grands-Degrés existe encore entre la rue maître-Albert et la place Maubert ; la rue de Bièvre se trouve entre le quai de la Tournelle et le boulevard Saint-Germain.