Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/20

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Préface.

se passe-t-il dans l’âme de l’individu, annihilé par la force brutale de la matière ? « Par un singulier contraste, par une sorte de revanche psychologique, ce moi entraîné comme un fétu de paille dans un courant de fatalité, est un moi plus pensant et plus souffrant que jamais. Assistant soit à la soustraction, soit à la ruine de ses efforts, il se réfugie dans un état permanent et aigu de sensibilité. Il s’étudie, il se regarde, il s’écoute vivre. Et ce qu’il cherche en dehors de lui, ce qui l’attire encore chez les autres, c’est cette même préoccupation d’individualisme….. » Ce besoin « d’enquête d’âme » est tellement impérieux que, si le récit émane d’un témoin obscur ou même d’un simple comparse, il n’en éveille que plus la curiosité, parce qu’il donne, « au lieu de la rhétorique sonore, à grand orchestre, des bulletins de victoire, la notation même d’un sentiment vraiment humain… »

En recherchant les précurseurs de l’école, M. Vallery-Radot salue, au passage, le « moi révolutionnaire » de Rousseau, le « moi bourgeois » de Marmontel, et il arrive au « moi paysan de Restif de la Bretonne, dans les premiers livres de Monsieur Nicolas ». Il ne s’occupe pas des derniers, où se trouve le moi humain. Mais M. Jules Assézat leur avait déjà rendu justice, en principe. Voici ses conclusions[1] :

« Les seuls livres durables, ceux que la postérité recherchera toujours, ce sont les documents historiques, biographiques ou autres. Tout livre qui n’a pas des qualités littéraires

  1. Introduction des Contemporaines du commun.