Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/21

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extraordinairement supérieures ou qui n’apprend rien sur une époque, une famille, un homme, disparaîtra à juste titre. L’histoire se refait tous les cinquante ans, et une histoire, si bonne qu’elle soit, ne tient pas lieu des mémoires particuliers. La science a besoin de nouveaux interprètes tous les quinze ans, au moins : leurs prédécesseurs sont déjà démodés ; le roman, le théâtre, à part quelques exceptions, suivent la mode. Il ne reste, au bout d’un siècle, et il ne restera éternellement de livres que ceux dans lesquels la préoccupation de bien dire aura cédé devant celle de dire quelque chose de neuf et d’original.

« Or, Restif a dit quelques-unes de ces choses. Quand il n’aurait fait que se montrer lui-même, il serait toujours recherché par les curieux, les seuls lecteurs sur lesquels il faille compter, dans l’avenir, et par les philosophes, qui n’auront jamais trop de pièces authentiques pour créer cette science si difficile, si compliquée, à peine ébauchée : la science de l’homme.»


Si Monsieur Nicolas a cette valeur, on peut l’attribuer plus encore à Mes Inscripcions, qui méritent, à coup sûr, encore mieux le sous-titre du Cœur humain dévoilé. Elles ont un autre mérite : leur concision nous épargne les peintures libres, multipliées dans le grand ouvrage. Quelques mots seulement, la plupart en latin, donnent de ce « demi-vieillard » une assez triste idée. C’est surtout ici que Restif a raison, quand il dit que, loin de vouloir « amabiliser » le vice, son but a été d’en montrer les conséquences funestes.