Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/41

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hiers, Codices ou Memoranda, comme il les appelait, était écrit en latin, langue que les leçons de l’abbé Thomas et plus encore son application au travail lui avaient rendue familière. Elle avait pour but de dérouter les profanes. C’est la découverte d’un deses cahiers qui lui avait valu une mercuriale de son frère et l’avait contraint de regagner le domicile paternel.
A Courgis, Jeannette Rousseau fut l’objet d’une de ses premières inscriptions sur le fameux Codex, dont nous ne soutenons pas, bien entendu, la latinité, à commencer par Russica. La voici intégralement :
Adoranda illa Russica prima mihi cor movit. Reputabam intus, die festo, in delubro Kurgiacæo, quæ mihi magis placeret amica. Species formaque jamjam visebantar, statura quidem, habitusque. Cùm hæc in mene volvebantur, ecce ad communionem accedentem Johannam deabus formosiorem aspicio. Amo statim, dein ardeo, sæpeque furo. Hæ Kurgisii evenere annis 1748. 9. 50[1].
L’extrait suivant des Codices, reproduit dans le Drame de la vie, rentre tout à fait dans le style des Dates de l’île Saint-Louis :
Dates de mes cahiers, de 1752 a 1754. Annus est cùm hic adfui primum. 14 Julii 1752[2].

  1. Cette adorable Rousseau fut la première qui fit battre mon cœur. Je songeais, un jour de fête, dans l’église de Courgis, à l’amie qui me plairait le plus. Je voyais déjà son extérieur, sa figure, sa taille, sa mise. Pendant que je me livrais à ces réflexions, voici Jeannette qui, plus belle que les déesses, s’approche pour communier. Je l’aime aussitôt, puis la passion me dévore, et souvent même je délire. Ces événements se passèrent à Courgis en 1748-9-50.
  2. Il y a un an que j’arrivai ici, 14 juillet 1752. (V. Mes Inscriptions, p. 310, § 1128.)