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Préface.

mont qui, si voluisset, féliciter nobiscum felicibus adhuc viveret ! 27 feb. 89. »

Il faut encore mettre au nombre de ses anniversaires importants le commencement et la fin d’une liaison de femme ou d’un ouvrage, les visites aux censeurs, les menées de ses ennemis plus ou moins imaginaires, la peur de la Bastille, etc. Les dates d’un intérêt secondaire sont celles de la réception d’une lettre, de la rencontre d’un ami ou d’un joli pied de femme (on sait qu’il tenait les jolis pieds en estime particulière), de la correction d’une épreuve, d’un accès de colère, etc., etc.

Cet amusement puéril lui jouait quelquefois de mauvais tours. Les malintentionnés n’avaient que l’île à parcourir pour lire dans son cœur et se tenir au courant. Il le croyait, du moins : « On pénétrait dans ma pensée, dit-il dans Monsieur Nicolas, en lisant mes dates sur l’île Saint-Louis ; on devinait mes dispositions et l’on agissait en conséquence. »

« L’infâme Augé » n’aurait point manqué une si belle occasion d’être désagréable à son beau-père. Il prit à tâche d’effacer les inscriptions et se fit aider, dans sa besogne, par les écoliers de l’île. Restif crut d’abord que le coupable était un ouvrier nommé Angelot, qu’il avait traité d’ivrogne et contraint de quitter une imprimerie. Mais il reconnut son erreur ; c’était bien Augé qui ameutait les « poliçons » contre lui : « Accablé de chagrins, exposé, le soir, par les menaces d’attenter à ma vie qu’a faites un scélérat ; insulté pendant le jour par la populace de l’île Saint-Louis, à laquelle ce misérable m’a