rue, jusque dans l’île[1] ! « O mon île, s’écrie-t-il lyriquement, ton enceinte sacrée est polluée ! Un scélérat l’a profanée ! Depuis l’attentat de Moresquin (Augé), mon île est devenue, pour moi, un séjour de douleur ! »
Il en tombe malade et, pour ne point perdre ses précieuses inscriptions, il se décide, en septembre 1785, à les transcrire sur les feuilles qui nous les ont conservées. Non content de cette première précaution, il les emporte dans une chambre louée secrètement rue Saint-Jacques[2].
Toutefois, la « profanation » d’Augé ne l’empêcha point de continuer longtemps encore ses promenades. Il semble même que, plus les années s’écoulaient, plus sa passion augmentait. Le plus curieux est qu’en inscrivant les événements à leur jour, afin d’y retourner, les années suivantes, le même jour, et, autant que possible, à la même heure, il croyait « simplifier son existence ». La date du 6 décembre, inscrite six fois, réduisait les six années à six jours : « Je ne vois que ces six jours depuis 1779 et je me les représente seuls. Voilà, sous ma date, l’affection de mon âme exprimée. C’est mon thermomètre moral[3]. »
« Le tour de cette île est devenu délicieux pour moi. Tous les jours y sont inscrits sur la pierre : un mot, une lettre exprime la situation de mon âme. Voilà trois ans que