mœurs. Butel voulut même faire couronner cet
ouvrage par l’Académie.
Un passage de Mes Inscriptions[1] montre Restif
applaudissant vigoureusement le Tarare[2] de
Beaumarchais, et honnissant Lanlaire, son « infâme parodie ».
Jamais il n’oublia le censeur Pidansat de
Mairobert qui parafait sans hésiter ses ouvrages et lui avait rendu d’autres services.
Tous les ans, à l’anniversaire de son suicide,
il allait revoir sa maison : « Sept ans que
Mairobert est mort ! » écrit-il sur la porte,
en 1786[3]. L’indifférence de l’ingénieur Bralle
le remplit d’amertume ; il lui a fait dix visites
sans le rencontrer : « Mes jambes se sont las-
sées, mais non pas mon cœur, s’écrie-t-il.
Peut-on oublier ceux chez qui l’on a trouvé le
vrai plaisir[4] ? » Vieux, alors, ruiné par les
libraires et par la Révolution, privé de ses
enfants, de ses amis dont les uns sont morts,
les autres absents, il gémit sur son impuissance à saisir le bonheur dont il a fini, après
bien des traverses, par découvrir la véritable
source… Il pleure, et le chagrin lui dicte une
page aussi sincère qu’émue[5]. On a dit à tort
que Restif manquait de vraie sensibilité.
Une de ses dernières amies fut la comtesse
Fanny de Beauharnais, tante de l’impératrice
Joséphine, qui prit à tache, avec ses filles Agnès
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