et Marion[1], d’adoucir son sort. Il était invité
chez la comtesse tous les vendredis : elle lui
faisait lire ses manuscrits et lui communiquait
ses idées. Ce fut elle qui lui suggéra le plan
des Lettres du tombeau. La lettre suivante, si elle
est due en partie à l’estime qu’elle avait pour
l’écrivain, l’est certainement aussi à la connaissance de son faible pour les éloges : « Il
me faudrait votre génie pour vous peindre,
comme je la sens, l’admiration où je suis de
votre premier volume (Les Nuits de Paris). C’est
l’éloquence de Jean-Jacques, la touche grecque
si gracieuse, la philosophie ornée d’un charme
qu’elle n’a jamais qu’avec vous, etc., etc.[2]. »
Ses égards ne firent pas un ingrat : Restif
la traite de « femme céleste » et la compare à
Mme de M… (Montalembert), éloge suprême à
ses yeux : « Elle me retrace tout ce que j’ai
vénéré dans son sexe. C’est pourquoi je me
trouve si bien lorsque je suis de l’un de ces
soupers où l’honnête liberté, l’esprit, la bonté
des convives égalent leurs lumières. On y voit
des grands sans morgue, des étrangers qui
font chérir et estimer leur patrie. Les entretiens de ceux-ci ne peuvent être que très-profitables ! On les écoute, on compare et l’on connaît les hommes. »
Et comme la « céleste Cloé » (Mme de Beauharnais) avait eu, vers la même époque, une
pièce sifflée aux Variétés, il prétend avoir vu
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