Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/88

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et Marion[1], d’adoucir son sort. Il était invité chez la comtesse tous les vendredis : elle lui faisait lire ses manuscrits et lui communiquait ses idées. Ce fut elle qui lui suggéra le plan des Lettres du tombeau. La lettre suivante, si elle est due en partie à l’estime qu’elle avait pour l’écrivain, l’est certainement aussi à la connaissance de son faible pour les éloges : « Il me faudrait votre génie pour vous peindre, comme je la sens, l’admiration où je suis de votre premier volume (Les Nuits de Paris). C’est l’éloquence de Jean-Jacques, la touche grecque si gracieuse, la philosophie ornée d’un charme qu’elle n’a jamais qu’avec vous, etc., etc.[2]. »
Ses égards ne firent pas un ingrat : Restif la traite de « femme céleste » et la compare à Mme  de M… (Montalembert), éloge suprême à ses yeux : « Elle me retrace tout ce que j’ai vénéré dans son sexe. C’est pourquoi je me trouve si bien lorsque je suis de l’un de ces soupers où l’honnête liberté, l’esprit, la bonté des convives égalent leurs lumières. On y voit des grands sans morgue, des étrangers qui font chérir et estimer leur patrie. Les entretiens de ceux-ci ne peuvent être que très-profitables ! On les écoute, on compare et l’on connaît les hommes. »
Et comme la « céleste Cloé » (Mme  de Beauharnais) avait eu, vers la même époque, une pièce sifflée aux Variétés, il prétend avoir vu

  1. V. une lettre de ses filles adressée au Journal de Paris, le 15 février 1806.
  2. Lettre insérée dans les Nuits. Madame de Beauharnais s’intéressait aussi à Marion Restif. V. Monsieur Nicolas, t. XIII, p. 299.