Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/225

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qui m’a toujours fait bien espérer. Ainsi donc, mon petit cousin, applique-toi aux choses solides, en connaissances et en travail ; car tu n’es bon qu’à cela, et tu perdrais ton temps, si tu voulais apprendre ce qu’apprend Daiguesmortes. Reçois cet avis comme d’un bon parent et ami, qui te le donne avec amitié, en vue de t’être utile.

Voilà, mon fils, ce que me dit le digne homme Jean Restif, que tu verras, j’espère, à notre fête patronale prochaine ; car il me le promet depuis longtemps ! et cette année, je l’ai supplié de venir, pour te juger, à l’égard de l’avenir, comme il a jugé ton frère aîné, aujourd’hui curé de Courgis[1]. Et tout ainsi que j’ai fait la règle de ma conduite de ce qu’il m’a dit pour mon fils aîné, de même ferai-je pour toi ; t’exhortant, mon enfant, à graver dans ta tête ce qu’il dira à ton sujet, pour ne l’oublier jamais. »

Après ce discours, digne d’un tel père, Edme Restif me donna ses avis sur quelques fautes que j’avais commises envers ma mère et mes sœurs aînées ; ensuite, il voulut finir par ne me dire que des choses amusantes. Il me conta une de ses histoires, celle de son premier voyage à Paris, telle que je l’ai rapportée dans sa Vie (sans doute pour

  1. Il est encore curé de Courgis, aujourd’hui 14 Auguste 1793 : voilà quarante-sept ans. Heureux ce pasteur, si des principes trop sévères n’avaient pas tourmenté sa vie et celle de ses paroissiens !