Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/167

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venait de me faire foutre.

« Mademoiselle, me dit-il, se nomme Agnès Convelouté ? — Oui, monsieur. — Mademoiselle est la prétendue de M. Guaé ? — Mais oui, monsieur. — Aimez-vous fort ce monsieur Guaé ? — Monsieur, la raison, et non la passion, fait mon mariage. — En ce cas, mademoiselle, je ne vous ferai pas de peine en vous révélant un secret. — Quel est-il, monsieur ? — C’est que tout à l’heure vous avez cru être possédée par votre futur… — Quel conte vous me faites-là, monsieur. — J’étais présent, mais caché, mademoiselle ; son timon de carrosse ne pouvant vous perforer, il m’a vendu votre pucelage cent louis, et c’est moi qui vous ai déflorée… Me préféreriez-vous ? — Ce que vous me dites est impossible, monsieur ! — Cela est. Il l’a trop gros. On vient de vous le mettre, et c’est moi (je le savais bien). — Il n’est qu’un mot à dire, monsieur ; pouvez-vous m’épouser ? — Mademoiselle, je suis marié à une vieille de soixante-dix-huit ans, qui m’a fait ma fortune, et je suis obligé d’attendre qu’elle soit morte. — Et si je devenais grosse, monsieur ? J’épouserais M. Guaé. — Voulez-vous être ma maîtresse ? — Cela ne me conviendrait pas. — De son consentement ? — Comme vous m’avez eue déjà, et que ce soit de son consentement, je m’y prêterais, pourvu qu’il ignorât que je le sais… — Oh ! de tout mon cœur ! Ceci marque votre honnêteté… Eˆtes-vous seule ? — Non, la marchande est là. —