Page:Retif de La Bretonne - L’Anti-Justine, 1798.djvu/168

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Pourrais-je vous avoir à coucher ? — Ah ciel ! Je ne saurais découcher que sous le prétexte d’aller veiller mon père, en le supposant indisposé. Ainsi, cela est impossible. — J’irai, si vous le permettez, parler uniment à votre père. Je suis riche ; il vaudrait mieux que je vous donnasse le prix de vos faveurs, qu’à un vil malheureux comme Guaé. — Eh bien ! parlez à mon père. — Je reviendrai vous chercher, s’il m’accorde ma demande ? — Mais ne revenez pas seul. Je veux voir quelqu’un à lui et que je connaisse. — Vous serez tranquillisée. »

Il alla chez mon père. Il lui raconta comment Guaé, n’ayant pu me dépuceler, lui avait vendu mon pucelage cent louis, en quatre séances, vingt-cinq louis par chacune, dont la première était payée. Qu’il m’avait enconnée, en me pommadant, et qu’il avait trouvé mon bijou si délicieux, si satiné, qu’il n’en voulait plus d’autre. Qu’il m’avait demandé de coucher avec moi, et que c’était par mon conseil qu’il s’adressait à lui. Il offrit ensuite les soixante-quinze louis restants pour les trois nuits suivantes. Mon père répondit : « Puisque Guaé a voulu être cocu, qu’ainsi soit. Je consens que vous couchiez ici avec ma fille, si vous avez cueilli sa rose, ce qu’elle me dira. Allez la chercher, avec un billet par lequel je vais la demander. » Et il écrivit. Puis il accompagna le galant jusqu’à la porte de ma marchande, que son frère foutait encore.

Cependant, je m’amusais à voir coniller le frère et la sœur. J’étais