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D I A L O G V EI.

La Royne-mere, peu apres la minuic‍t du ſamedi paſ‍ſee, fut veuë entrer dans la chambre du Roy, n’ayãt auec elle qu’vne femme de chambre, quelques ſeigneurs qui y furent mandez, y entrerẽt peu de temps apres, mais ie ne ſcay pourquoy ce fut. Bien eſ‍t vray que deux heures apres, on donna le ſigne du temple de ſainc‍t Germain l’Auxerrois, à ſon de cloche : lequel ouy, ſoudain les ſoldats qui eſ‍toyent en garde deuant le logis de l’Amiral, forçant la porte du logis, y entrerent facilement, leur ayant eſ‍té auſsi toſ‍t ouuerte, que le nom du Roy (duquel ils ſe vantoyent) y fut ouy. Le duc de Guyſe y entra auſsi toſ‍t apres à cheual, accompagné d’vne grande troupe de ſes partizãs : il n’y eut que peu ou point de reſiſ‍tance, n’eſ‍tans ceux de la famille, & ſuite, de l’Amiral, aucunement armez.
L’Amiral oyant le bruit, & craignãt qu’il y euſ‍t quelque ſedition, commanda à vn ſien valet de chambre (qu’on nommoit Nicolas le Trucheman) de monter ſur le toic‍t du logis, & appeller les ſoldats de la garde, que le Roy luy auoit baillez, ne penſant à rien moins que ce fuſ‍ſent ceux qui faiſoyent l’effort & violence : quant à luy, il ſe leua, & s’eſ‍tant affublé de ſa robe de nuic‍t, ſe mit à prier Dieu : & à l’inſtãt vn nommé le Beſme Alleman, ſeruiteur domeſ‍tique du duc de Guyſe, qui auec les capitaines Cauſ‍ſens, Sarlaboux, & pluſieurs autres, eſ‍toit entré dans ſa chambre, le tua : toutefois Sarlaboux s’eſ‍t vanté, que ce fut luy.


Les dernieres paroles de l’Amiral, parlant au

Beſme,