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forts dans la Rochelle, pour la ſurprẽdre, & y mener les mains baſ‍ſes, & ſcauoy’ bien qu’ils y auoyent failli deux ou trois fois : voire meſmes i’ay biẽ ſceu, que le iour du maſ‍ſacre fait à Paris, il eſ‍toit entré dans la Rochelle, plus de deux cens ſoldats de Scroſ‍ſy, auec armes, faiſans ſemblant de faire racouſ‍trer leurs harquebouſes, ou d’acheter quelques viures, & munitions : leſquels pour quelque frayeur qui les ſurprit, craignans que ceux de la Rochelle (ialoux des priuileges & libertez de leur ville qui les exemptent de garniſon) ne ſe doutaſ‍ſent des deſ‍ſeins de Stroſ‍ſy, s’enfuyrent en tapinois tout bellement hors de la ville. Mais ie n’auoy encores rien ſceu de ceſ‍te letre, ie n’ay garde d’oublier à la mettre en mes memoires. Voila de merueilleux traic‍ts. On a raiſon de dire qu’il y a eu coniuration : Mais ç’a eſ‍té contre les Huguenots. Poures miſerables ! il faut bien dire que la deliurance de ceux qui ſont demeurez de reſ‍te, eſ‍t miraculeuſe, ayans eſ‍té ſi ſubtilement trahis ! Mais pour retourner à eux : outre ceux qui ſe ſont retirez és villes & lieux de ſeureté, il y en a d’autres qui ne s’y ſont pas retirez, ou pource qu’ils n’ont peu, ou pource qu’ils n’ont voulu, ou oſé s’y retirer.
De ceux-cy, les vns (mais en petit nombre) ſe tienent coys & couuerts en leurs maiſons, & ſans aller ny à meſ‍ſe ny à matines, prient Dieu vn chacun chez ſoy : bien ſecretement toutefois, de peur d’eſ‍tre ſurpris, attendans qu’on les accommode (c’eſ‍t le mot dont vſent les tueurs.)

Les autres, s’en vont à la Meſ‍ſe de gayeté de

F.ii.