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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/130

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D I A L O G V EI.

cœur, & comme à l’enuy l’vn de l’autre, blaſphement, deſpitent, & renient mille fois le iour, pour monſ‍trer qu’ils n’en ſont plus, faiſans en tout le ſurplus, des vilenies, & des maux, plus que ie ne t’en ſcauroy’ reciter : vne grande partie de ceux-cy porte les armes contre les autres Huguenots, mais le Roy ne s’y fie pas beaucoup. Et les autres vont auſsi à la Meſ‍ſe, mais contre leur gré , & par force, comme il eſ‍t aiſé à iuger à leur mine & contenance, tant ils ſont abbatus & contriſ‍tez, & ſi n’oſent bonnement parler l’vn à l’autre, ny ſe laiſ‍ſer rencontrer par les rues, ou en leurs maiſons deux à la fois. I’eſ‍time que c’eſ‍t de ceux-cy deſquels le Roy parle, quand il dit, Que par la mort-Dieu, la meſ‍ſe ne les ſauuera pas, & poſsible entend il auſsi parler des autres qui montrent d’y aller de plain gré, & par deſpit :
Alith. Ie ne doute pas qu’il ne parle de tous les deux. Quel piteux & miſerable eſ‍tat, ne ſe contenter point de tuer le corps, ſi on ne pert l’ame quãd & quand : & ne ſe contenter point de tuer l’ame, ſi le corps n’eſ‍t auſsi meurtry !

O Seigneur,iuſques à quand ?
L’egl. Benit ſois-tu, Seigneur Dieu de nos Peres, ton Nom eſ‍t louable, & digne d’eſ‍tre glorifié à iamais. Tu es iuſ‍te en toutes les choſes que tu as faites : tes voyes ſont droites : tous tes iugemens par leſquels nous ſont aduenues toutes ces choſes, ſont droituriers. Nous auons contreuenu à tes loix, nous n’auons point eſcouté ny gardé tes commandemens. Nous nous ſommes par trop

desbordez en delices, & auons cerché en la cour

des