eſt bien conſiderable pour auoir compaſsion de
la royne d’Eſcoſſ e. Auſsi vraye iuſt ice doit eſt re
accompagnee de compaſsion, & vuide de
toute cholere, malice & cruauté. Mais que pour
vne pitié, il faille au lieu de iuſt ice faire iniuſt ice :
& s’il faut auoir pitié, en auoir plus d’vne ſeule
perſonne, que de tout l’eſt at vniuerſel, ce ſeroit
meſurer à fauſſ e meſure, & poiſer à faux poids la
clemence, & l’humanité, car s’il faut eſt re pitoyable,
ce ſeroit pluſt oſt eſt re cruel, que humain,
pour ſauuer vn particulier, que on n’aye point de
pitié de tout vn peuple, de tant de nobleſſ e, de tãt
de familles, deſquels la mort, le pillage, la ruine,
& la miſere eſt oit toute proiettee par ceſt e conſpiration,
& ne ſcauroyent eſt re aſſ eurez que par
la punition du chef de la coniuration.
Il y a eu des Empereurs qui ont pardonné les
conſpirations : Veſpaſien les meſpriſoit toutes,
par ce qu’il s’eſt oit perfuadé, qu’il ſcauoit le iour,
heure, & eſpece de ſa mort.
Ce ſont des exemples dãgereux à imiter : comme
de ce pere, qui ayant deſcouuert que ſon fils
le vouloit tuer, le mena en lieu où il eſt oit ſeul,
luy baille l’eſpee, luy dit qu’il le tuaſt , s’il vouloit.
Il y a plus de temerité en tels exemples, que de
clemence.
Mais en ce fait : il y a vne conſideration plus
importante, que en tous les exemples qui ſe peuuent
propoſer : & qui met du tout la Royne hors
de puiſſ ance d’vſer de clemence en ceſt endroit,
ſans offenſer Dieu : Car il n’eſt pas icy queſt ion,
d’vne conſpiration qui n’apportaſt autre change-