de la crainte d’vne guerre externe, à vne conſpiration
inteſt ine.
Nous auons dit qu’en affaires d’eſt at, il faut
regarder ſi ce qu’on propoſe eſt iuſt e, & vtile au
public : les autres reſpect s de clemence, de libéralité,
de generoſité particuliere, doyuent touſiours
ceder à l’vtilité publique : mais il y a encores vn
tiers, qui ſurmonte tous autres : C’eſt vne neceſsité
publique. Celle-la eſt preferee quelquefois
aux loix diuines ceremoniales. Les Machabees
qui ne voulurent combatre au iour du
Sabbath, demourerent enſeigneurs à leurs ſucceſſ eurs,
de faire ceder les ceremonies diuines, à
la neceſsité.
Les Romains diſent, que leurs maieurs auoyent ſouuent
preferé la neceſsité, à la Religion :
Les loix politiques luy cedent. Caton qui en a eſt é
le plus rude obſeruateur, le perſuada au Senat
en la queſt ion Catilinaire : aufsi le ſalut du
peuple, eſt la ſouueraine Loy d’vn eſt at : car alors,
la neceſsité publique fait licite ce qui autrement
ne l’eſt oit point : A plus forte raiſon ſera-elle
preferee à vne douceur, qui n’eſt que volontaire :
& à vne clemence, qui traine auec ſoy
la ruine de l’eſt at.
Que la neceſsité, & ſalut publique ſoit en ceſt
endroit, il eſt aſſ ez aiſé à iuger, par ce que deſſ us,
où il a eſt é monſt ré que ceſt e conſpiration
n’apportoit pas ſeulement changement d’eſt at,
mais ruine de Religion.
Il ne reſt e donques, que de bien fonder la verité,
& certitude du delict : Et auoir intention
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