comme ils le ſont, ou doiuent eſt re en vn eſprit,
les vns, auec les autres, & tous enſemble auec
nous. Ie leur diſcouru de beaucoup de petites
choſes, que la concorde a faict croiſt re, & ſurgir :
& de beaucoup d’autres bien grandes, que la diſcorde
a fait cheoir, & perir. Ie leur dis auſsi là
deſſ us l’hiſt oire de ce bon vieux Prince, qui ayant
vingt & deux enfans, luy vieux, caſſ é, eſt ant au lict
malade, les ayant fait venir à ſoy, leur commanda
de rõpre en ſa preſence, vn fagot de cheneuotes,
qu’il auoit fait lier tout expres : mais, comme du
plus grand, iuſques au plus petit, ils s’y fuſſ ent eſſ ayez
en vain, luy ſeul, ayant deſlié le fagot, rompit,
& fort aiſément, toutes les cheneuotes, vne à
vne : leur remonſt rant par là, fort dextrement, cõbien
l’vnion eſt oit puiſſ ante, au prix d’vne folle
diſcorde. Ie leur dy, que ceſt e vnion, & eſt roict e
amitié, & intelligence qui deuſt eſt re entre les
Chreſt iens, c’eſt à dire, ce conſentement des choſes
humaines, & diuines, conioinct auec vne beneuolence,
& charité, eſt oit le ſeul lien pour conſeruer
& eux, & nous, & toute l’Egliſe de Chriſt eſpandue
par tout.
Que les choſes qui aſſ emblent les gens en vn,
ſont facilement trouuees entre nous, qui deſirons
meſmes choſes, haiſſ ons meſmes choſes, &
craignons meſmes choſes : que c’eſt ce qui contract e
les amitiez parmi les bons, comme auſsi
c’eſt la cauſe des fact ions & ligues parmy les
meſchans.
Pour tout cela pas maille (comme lon dit) &
t’aſſ eure, que, me ſouuenant de la prophetie de