Or pour reuenir a mon propos, du vol, & deſualiſemẽt
de tãt de nauires. Ainſi que le Myllord
de Vvenceſt er s’acheminoit en France, pour l’occaſion
que ie t’ay dit, trauerſant de Douure, à Bologne
ſur vn bateau, n’ayãt lors que trois bateaux
paſſ agers auec luy, il fut aſſ ailly par quelques courſaires Angiois, Frãçois, & Vvallons en petit nombre,
qui eſt oyent dans vn petit nauire, nommé le
Poſt e : aſſ ailly, dis-ie, de ſi pres, que bien peu s’en
falut, que le bateau où eſt oit le Mylord, ne fut mis
à fons, tant y a, que l’vn des bateaux de ſa ſuite,
fut preſque tout pillé, & quelques vns de ſõ train
tuez. Aucuns diſoyent, que quelque inimitié particuliere
contre le Myllord de Vvenceſt er, auoit
fait dreſſ er celle partie : les autres, l’amour du butin,
& du preſent que la Royne enuoyoit à ſon
Compere, au lieu duquel ils vouloyent ſuppoſer
vn licol : d’autres penſoyent que c’eſt oit vn deſpit
& vne enuie de rompre vn ſi vilain voyage, où
Dieu eſt oit deshonoré. Comme qu’il en ſoit, cela
fut cauſe que la Royne, lors irritée, donna charge
à ſon Amiral, d’enquerir bien au vray du fait,
& de chaſt ier les coulpables.
L’Amiral qui ne demandoit pas plus beau ieu
pour grobiner, comme il en a bonne couſt ume,
enquit ſi à point de ce fait, par le moyen de ſes ſuppoſt s,
qu’on ne laiſſ a nauire François, ny Vvallõ,
de ceux qu’on peut attraper, qui ne fut mis a blãc.
Les capitaines, Mariniers, tout l’equippage, voire
quelques paſſ agers, furent faits priſonniers, entre
autres vn gentil-homme mien amy, Poiteuin de
nation, à qui noſt re France doit beaucoup, Hiſto-