les forces des tyrans, qui ne pardonnent iamais
aux loix, aux confederations & ligues : ains plantent
touſiours leurs limites là où le bout de leurs
eſpees s’eſt end, les euſt engardez de deſpeupler
leurs terres, & de deſgarnir leurs maiſons de leurs
gẽs. Cela, dis-ie, euſt eſt é ſuffiſant, pour faire que
le Conſeil euſt arreſt é tout court les plus ambitieux
& auares, & les euſt engardé d’emmener
leurs combourgeois à la boucherie. Cependant
cela eſt fait : il n’y a plus d’ordre, & ie m’aſſ eure
qu’ils ne feront pas grand mal aux noſt res pour ce
coup cy.
Le pol.Ie t’en reſpons & te le iure : ils n’ont eu garde
d’approcher plus pres que de l’artillerie les
murailles de la Rochelle, que ſi aucuns ont paſſ é
outre, ils ont eſt é tresbien frottez. Mais voila le
mal qu’ils ont fait : ils ſe ſont faits battre & tuer,
eux qui aiment leur liberté, pour nous vouloir rauir
la noſt re : & ont touſiours en ce faiſant veſcu
deſſ us Iaques bon homme. Puis rapporteront au
retour l’argent & ſueur du bon homme, apres
qu’ils l’auront bien pillé. S’ils apprenoyent vne
fois à cognoiſt re la grande difference qui eſt d’entre
vn tyran & la Couronne, qu’ils appellent, voire
d’vn Roy à ſon Royaume : ie m’aſſ eure qu’ils
n’auroyẽt garde d’outrager, d’offẽſer & perdre vn
ſi grand & ſi puiſſ ant corps, comme eſt celuy de
Frãce, à l’appetit d’vn ſeul tyran , & pour les paſſ ions d’vne
femme.
L’hi.Certainement ie le croy. Mais, comme i’ay
dit, c’en eſt fait pour ce coup cy : vne autre fois ils
pourront eſt re poſsible quelque peu plus ſages.
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D I A L O G V EI I.