Quant aux Cantons de la Religion, ils n’ont
garde d’y auoir enuoyé de leurs gens : pluſt oſt leur
ont-ils deffendu ſur peine de la vie d’y aller, & cõmãdé
de ſe tenir preſt s & armez, tãt ils ont craint
és premiers iours apres le maſſ acre, que quelque
orage tombaſt deſſ us eux, & ſur leur eſt at. Et cela
a eſt é cauſe, auec la crainte auſsi qu’ils auoyent
de faire naiſt re vne guerre ciuile d’entre eux & les
cantons Papiſt es, qui deſia, comme ie t’ay dit, eſt oyent
embarquez du coſt é du tyran, qu’ils n’õt
baillé aucun ſecours à nos freres : quoy qu’ils confeſſ aſſ ent ingenuement d’y eſt re tenus & obligez
par la loy de Dieu & des hommes.
Bien eſt vray qu’ils ont monſt ré & tous leurs
ſuiets auſsi d’auoir vn extreme deſplaiſir & compaſsion
de noſt re fait m’aſſ eurant en teſmoignage
de leur bonne volonté que tous les François
Huguenots foruſcis ſeront les tresbien venus &
ſeurement cõſeruez en leurs terres : & qu’ils n’oublieront
riẽ du deuoir de charité enuers eux : mais
qu’ils ne pouuoyent du tout rien plus que cela
pour maintenãt : deſia auoyent-ils recueilly à Baſle
& bien fort honorablement les petits ſeigneurs
de Chaſt illon, & de Laual, Meſdames d’Andelot
& de Teligny, la damoiſelle de Laual & pluſieurs
autres gentilshommes & peuple François, & auſſi
bon nombre de Miniſt res refugiez, qu’ils entretienent
çà & là à leurs deſpens deſſ us leurs terres.
Le pol. Dieu ſoit loué, de ce que leur charité au
moins ſe monſt re en cela qu’ils recueillent liberalement
ces ieunes Seigneurs & nos autres fre-