res François : ils ne ſcauroyent mieux condamner
toutes les act ions du tyran, ſes proſcriptions &
cruautez, qu’en vſant d’hoſpitalité enuers les poures
oppreſſ ez qu’ils iuſt ifient en les hebergeant.
L’hi. Ie t’aſſ eure l’amy, qu’ils le font fort volontiers.
Le ſemblable auſsi (ce que i’auois oublié à
te dire) font les Seigneurs Proteſt ans : & de meſme
la royne d’Angleterre par tout ſon Royaume
& pais, recommandant les eſt rangers autant
quelle peut à ſes ſuiets.
Le pol. Dieu leur vueille rendre, & à tous ceux
qui vſent de telle charité, le guerdon qu’il leur a
promis au nom de ſon fils Ieſus Chriſt noſt re Seigneur.
L’hi. Ainſi ſoit-il. Oray-ie acheué de te dire tout
ce peu que i’ay exploict é en mon voyage, excepté
pour ne point mentir, quelques particularitez ſecretes,
qu’on m’a chargé de faire entendre à ceux
qui nous ont enuoyé. C’eſt maintenant à toy l’amy,
à m’entretenir à ton tour de ton voyage.
Le pol. C’eſt bien raiſon. Sus donc, eſcoute.
Ainſi que i’approchois la France, par tout là
où ie logeois i’oyois tant dire de nouuelles des
volleries & inhumanitez qu’on exerçoit ordinairement
par les chemins, emmy les champs & par
les villes, & ie tenois cela pour ſi certain, qu’il me
ſembloit bien que i’allois à vne mort toute preſente
ou bien à vn ſecond enfer : tellemẽt que peu
s’en fallut, tant mon infirmité fut grande, que ie
ne rebroſſ aſſ e mon chemin auec vn vœu de iamais
ny rentrer. Et n’euſt eſt é que noſt re Dieu,
que ie me prins lors à prier, me fortifia & me fit