paſſ er outre ſur toutes ces difficultez, i’euſſ e fuy
auec vn Ionas, pluſt oſt que de faire ma charge. A
la fin ie m’y hazarday : mais ie ne fu pas ſi toſt en
France, que dés la premiere iournee ie m’apperceu
trop cleremẽt que i’eſt ois au vray monde des
miſeres & dans vn royaume de beſt es, ou biẽ plus
toſt de traiſt res & brigans. A la premiere hoſt ellerie
où ie logeay, i’entendy vn qui ſe plaignoit de la
grande cherté de viures : l’autre diſoit, les groſſ es
tailles qu’on va redoublant tous les iours, ces
grands impoſt s nous ruinent, nous mangent : &
puis les inuentions nouuelles que ces bougres
d’Italiens donnent au Roy pour arracher du peuple
tous les deniers de ſa ſueur, nous acheuent à
bon eſcient de peindre : au diable ſoyent les Atheiſt es :
ils vienent la plus part en France pour
nous aider à eſcorcher, pour nous gabeller &
nous tondre, & pour ſuccer iuſques au ſang les
poures gens. Les autres y vienent auec vne main
de papier, ou auec vn liure de raiſons, Dieu ſcait
quel liure : ils dreſſ ent apres leur banque dans Paris,
dedans Rouen, ou dedans Lyon : & lorsqu’ils
ont bourſe garnie, ils font le ſaut, la Banque route.
C’eſt le vray moyen de gaigner, voire de paſſer
en credit les plus grands Princes de la France.
Et qu’il ſoit vray qu’on le demande au Peron, au
comte de Rets. Tu te trompes, repliquoit l’autre,
il eſt paruenu autrement que tu ne penſes le
bon homme : ne ſcay tu pas ce qu’on dit en prouerbe :
Pour bien ſeruir & loyal eſt re,
De Maquereau on deuient traiſt re :