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D I A L O G V EI I.

promettant de le conſeruer, & bien traiter, s’il vouloit mettre bas les armes, il y en eut en la cõpagnie qui releuerent ces mots (de ne plus les poſer) leur ſẽblant bien qu’ils ne pourroyent moins faire, quand cela ſeroit commandé par le tyran, (ne voyans pas les bonnes gens, que ça eſ‍té touſiours la ruſe des ennemis, de les deſarmer premierement, pour les ſurprendre plus à l’aiſe ſous le beau manteau de la paix.) L’opinion de ceux-cy fut cauſe que la reſolutiõ fut reuoquee en doute, & la queſ‍tion miſe ſur les rengs, à ſcauoir mon qui premier doit laiſ‍ſer les armes, nos ennemis, ou nous. La matiere fut débattue à plein fonds, pro, & contrà, iuſques à ce qu’vn ieune homme, braue, & gaillard qui a l’entendement bien fait, nourry aux letres, & aux armes, & verſé en matieres d’eſ‍tat, là reſolut en ceſ‍te ſorte, & preſque ſous ces meſmes mots.
Si on diſpute par le droit, il n’y a celuy qui ne confeſ‍ſe qu’on ne peut iuſ‍tement requerir quelcũ qu’il ceſ‍ſe de parer, de mettre la main au deuant, & de ſe deffendre, que premier on n’ait ceſ‍ſé de tirer, de frapper, & d’offenſer : car eſ‍tant toute choſe qui a vie, naturellement apprinſe à la conſeruer, c’eſ‍t conſequemment vn ordre du tout naturel que qui cerche de l’oſ‍ter, doit ceſ‍ſer, premier que celuy qui ne taſche qu’à la retenir : & ne ſe peut preſumer qu’il en laiſ‍ſe la volonté, tãt qu’il en retient les moyens tous deſployez entre ſes mains. Donc pour vuider ceſ‍te queſ‍tion, il faut voir qui eſ‍t l’agreſ‍ſé, & qui l’agreſ‍ſeur, qui pourſuit,

& qui ſauue ſa vie : qui tire les coups, & qui

met