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D I A L O G V EI I.

villes furent miſerablement mis à mort : encores toutesfois ne priſmes nous pas les armes : mais partie de nous ſe contenta de fuyr, partie de fermer la porte, par vn mouuemẽt naturel, à la mort qui nous pourſuyuoit.
Finalement quelques vns de nos freres, fondez ſur leſdic‍tes letres que le roy Charles auoit eſcrites, eſquelles il declaroit, que ceux de Guyſe auoyent commencé ces tueries à Paris, pour preuenir la vengeance que l’Amiral reguary euſ‍t peu faire de ſa bleſ‍ſeure, ou ſes amis, pour l’indignation qu’ils en receuoyent, & ſur quelques autres declarations qu’il faiſoit, que ces Maſ‍ſacres auoyent eſ‍té faits contre ſa volonté, & qu’il en feroit la punition, ſe refolurent de deffendre leurs portes, contre ceux qui auec groſ‍ſes armees venoyẽt pour leur coupper la gorge dans leurs maiſons : & apres infinies proteſ‍tations, voyans les glaiues teints du ſang de nos freres, appreſ‍tez contre le leur, cercherent les moyens de s’en parer, & ſe couurir au moins mal qu’il leur fut poſsible Dont il appert que nous auons prins les armes pour nous deffendre, & non pour offenſer autruy, & que par conſequent c’eſ‍t à ceux qui pourfuyuent noſ‍tre mort, de mettre les armes bas les premiers.
La loy ciuile permet à l’eſclaue, pourſuyui par ſon maiſ‍tre courroucé, l’eſpee au poing, preſ‍t de la luy mettre au trauers du corps, de luy fermer la porte de ſa chambre meſme, pour s’y ſauuer : & s’il la veut forcer, de la barrer le mieux qu’il peut :

& s’il l’efforce plus outre, de ſe mettre cõtre luy,

pour