bon viſage ? de leur parler doucement d’vne paix ?
de leur monſt rer la main ? Mais quand ils la voyent
armee d’vn glaiue tout ſanglant : quand ils le
voyent enuironné de ceux qui les ont tuez, & de
leurs plus grands ennemis : mais quand ils ſcauẽt
que luy-meſme a commandé tout ce forfait : a auoué
tous les maſſ acres, & proietté les trahiſons,
Eſt -il poſsible qu’ils le puiſſ ent reputer aucunement
Pere ? Et quand bien ils ſeroyent ſi fols,
pourront-ils bien hauſſ er leurs yeux, pour luy cõtempler
le viſage, ou prendre garde à ce qu’il dit ?
Que fera donc vn Pſeudo-pere pour oſt er ceux
de deſeſpoir qu’il deuſt traiter ainſi qu’enfans, &
pour les garder s’il pourſuit de ſe precipiter tout
outre ? Il iettera pour le moins ſon eſpee, il laiſſera
toutes ſes armes bas. II fera retirer ceux deſquels
ils ſe mesfient. Il caſſ era ſes ſatellites. Il chaſt iera
tous ſes bourreaux, condamnera tous ſes forfaits.
Lors s’approchant de ſes enfans, les conſolera
de paroles : les deſchargera de toute crainte,
& leur tendra ſa main plus douce : alors il ne
faut parauenture point douter, qu’ils ne s’attendriſſ ent,
qu’ils ne fondent en larmes, & ne ſe iettent
comme à ſes pieds s’ils ſont vne fois aſſ eurez
que ces façons luy procedent du cœur.
Que ſi l’on dit qu’il y va de la reputation d’vn
Roy de faire le ſemblable, ie dy donc qu’il n’eſt
pas honorable à ce Roy-là de porter titre de Pere
de ſon peuple, veu que les titres ſe donnent
pour l’effect , & c’eſt effect conuient à ce nom-là.
Entre deux combatans en vn duel, il y a de l’hõneur
à qui fait quitter les armes à ſa partie. Entre