qui combattent de gayeté ou pluſt oſt de malice
de cœur ſans y eſt re contraints, & fera qu’à la fin
perſonne ne voudra venir à la guerre, ou porter
armes contre nous quelque commandement que
le tyran leur en face, nous voyans ainſi reſolus.
Deſia y en a-il beaucoup qui ſe tienent bien loin
des coups & tirent leur eſpingle arriere, aimans
mieux eſt re reputez couard & recreus, que fols &
meſchans tout enſemble, en ſe faiſans battre à credit.
Surquoy ie te veux dire vn trait, qui paſſ e encores
bien plus outre, du ieune Candole, que tu
cognoiſſ ois beau-frere de ceux de Montmorency.
Eſt ant en l’armee que le mareſchal Danuille
auoit aſſ emblé deuant Sõmieres que les noſt res
tenoyent, & qu’ils ont rendu à la fin, ſous honneſt e compoſition,
que Danuille a gardee aux noſt res,
dont le tyran ne luy ſcait point de gré. Eſt ãt
dis-ie là au camp ce ieune ſeigneur de Candole,
& voyant tant de ſeigneurs, capitaines, gentilhommes
& ſoldats que les noſt res faiſoyent mourir
en ſe deffendant vaillammẽt, il a dit & beaucoup
de fois à ſon beau-frere Danuille en iurant &
blaſphemant : hé que nous ſommes fols mon frere
de nous faire ainſi bleſſ er, battre, meurtrir &
tuer à l’appetit de ces meſchans (parlant du tyrã,
de ſa mere, de ſes freres & conſeillers) qui nous
ont meurtri nos parens, nos amis & nos alliez ! Et
qui nous payeront auſsi quelque iour en meſme
monnoye.
L’hi. Ce trait vaut bien qu’on s’en ſouuiene : Cãdole
auoit bon iugement. Mais qu’eſt il deuenu
le poure homme ?
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D I A L O G V EI I.