Les longs & obſt inez ſieges, tant de rudes & furieux
aſſ auts & autres exploits & ruſes de guerre
eſt oyent baſt ans pour emporter des places
beaucoup plus fortes. Et toutesfois Dieu a tellemẽt
pourueu aux ſiens par vne admirable bonté
& prouidence, & a tellement encouragé le peu
qui reſt oit qu’ils ont fait teſt e à toute la force de
leurs fiers & ſanglans ennemis ſans ſecours d’aucun
de leurs voiſins, quoy que les ennemis en
ayent emprunté de toutes pars ſelon leur couſt ume,
ayans perdu de leurs gens en ces trois ſieges
plus qu’ils n’auoyent perdu en toutes les trois
guerres paſſ ees.
Cela me fait, quand ie le conſidere, eſperer encores
plus auant. Que comme Dieu par vne faueur
ſpeciale : & ſecours extraordinaire a beſongné
iuſqu’à preſent, qu’auſſ i vn iour en nos preſences
& deuant nos yeux ou des noſt res, il fera
l’entiere vengeance du ſang innocent reſpandu
& nous dõnera vn tel relaſche que nous n’oſeriõs
demander pour luy ſeruir ſans nulle crainte en
toute paix & ſeureté. Ce qui me le fait ainſi croire
outre les promeſſ es que nous en auons en l’Eſcriture,
& l’eſſ ay que Dieu en a fait freſchement
en telle deliurãce eſt ce que i’ay particulieremẽt
marqué en l’elect ion du Roy de Pologne, laquelle
n’eſt ant faite (ce ſembloit) que pour aſſ ouuir
l’ambition du Duc d’Aniou, a neantmoins
ſeruy à faire venir d’vn pays bien fort lointain
des hommes Chreſt iens & genereux pour
porter parole vertueuſement pour le ſoulagement
des bons : lors que nos affaires eſt oyent en