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D I A L O G V EI I.

donques, ſire (replica- il) & en feray faire iuſ‍tice. Non, non, reſpondit le tyran, ne vous en mettez pas en peine, & faites entẽdre à Nantouillet qu’il aura trop forte partie, s’il en veut demander raiſon. Voila que ie ſceu au vray quant à ce fait.
Apres ie ſceu qu’vn autre jour les Rois firent dreſ‍ſer partie à douze de leurs courtiſans, contre douze filles de ioye des plus honneſ‍tes de Paris : & que pour la mieux voir iouer, ils firent tendre en vne ſalle douze lits de cãp ſans rideaux, ou chacun auec ſa chacune en la preſence de ces Rois n’auoit pas honte de deffier ſes compagnõs à paillarder.
L’hi. O mon Dieu, qu’eſ‍t-ce que i’oy dire ! hé que voila d’infames ac‍tes ! Ie ne croiray iamais que Neron, Caligule, Heliogabale, & le vilain Sardanapale ayent approché que de loin à l’infameté de ceux cy.
Le pol. Or eſcoute. I’apprins à Paris d’auantage : que le tyran auoit mandé & eſcrit deux fois à ſon frere le roy de Pologne durant le ſiege de la Rochelle, qu’il deuſ‍t faire eſ‍trangler la Mole vn gentilhomme Prouençal, fauory du duc d’Alençon.
L hi. Ie le cognoy bien : & qu’elle raiſon en auoit il ? la Mole eſ‍t-il pas Papiſ‍te & le balladin de la cour ?
Le pol. Il eſ‍t vray. Mais tant y a que le tyran le cõmanda, quoy que ſon frere ne fit rien que mõſ‍trer ſeulement les letres à la Mole, afin qu’il auiſaſ‍t vn peu de plus pres à ſon fait que par le paſ‍ſe.
L’hi. Et ne dit-on pas l’occaſion qui eſmeut le tyran

à cela ?

Le pol.