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D I A L O G V EI I.

Le pol. On dit qu’il n’en auoit point d’autre que l’occaſion de ialouſie, de tant que la Mole eſ‍toit fauorizé d’vne jeune princeſ‍ſe que ie ne nomme point pour le reſpec‍t de ſon mary, plus que le tyran n’euſ‍t voulu. Apres ie ſceu que pour ceſ‍te occaſion meſme, le tyran voyant que ſon frere n’auoit voulu faire deſpecher la Mole, fit vne nuic‍t deſ‍ſein luy-meſmes de l’eſ‍trangler dedãs la cour, où la Molle eſ‍toit retourné apres le camp de la Rochelle.
Et pour ce faire ſachant que la Molle eſ‍toit en la chambre de la ducheſ‍ſe de Neuers dãs le Louure, il print auec luy le duc de Guyſe, & certains gentilshommes que ie te nommeray iuſques à ſix, auſquels il commanda ſur la vie d’eſ‍trangler celuy qu’il diroit auec des cordes qu’il leur diſ‍tribua.
En ceſ‍t equippage le tyran portant vne bugie allumee, il diſpoſa à la ſortie de la chambre de la ducheſ‍ſe de Neuers, ſes compagnons bourreaux ſur les briſees que la Mole deuoit prendre pour aller à la chambre de ſon maiſ‍tre le duc d’Alençon. Mais bien ſeruit au poure ieune homme de ce qu’au lieu d’aller à ſon maiſ‍tre, il deſcẽdit trouuer ſa maiſ‍treſ‍ſe : ſans rien ſcauoir de la partie, laquelle il ne pouuoit autrement eſchapper qu’en deſcendant en bas, comme il fit au lieu de monter à ſon maiſ‍tre, comme les autres le penſoyent.
L’hi. Voila vn ieune homme perdu, s’il ne prend garde de bonne heure aux embuſches de ce tyran.
Le pol. Il a beau ſe donner de garde : s’il ne prent

l’expedient de Bodille : & s’il ne fait, comme l’on

l.v.