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D I A L O G V EI I.

quelque marché que ce fut le mariage de la ſœur du tyran auec le prince de Nauarre, afin de pouvoir attirer par ce cordeau les Huguenots, l’Amiral auec la Nobleſ‍ſe à la diſcretion de la cour. Que pour faciliter ceſ‍t affaire, il ne falloit nullement pardonner à beaux ſemblants, preſens, promeſ‍ſes, & autres telles attrapoires & eau benite de cour iuſques qu’on les viſ‍t dans Paris, où la cour pour ceſ‍te occaſion ſe remueroit au beſoin : eux y eſ‍tãs venus, recueillis & careſ‍ſez qu’il falloit pour le temps des nopces leur dreſ‍ſer vn fort à plaiſir bien trouſ‍ſé & bien equippé, comme à mode de guerre, au Pré aux clercs, ou pres des Tuyleries, ſous couleur de faire exercer les courtiſãs, les vns à aſ‍ſaillir, les autres à deffendre le fort pour l’esbat & paſ‍ſetemps des dames. Qu’il eſ‍toit de beſoin de faire que l’Amiral fuſ‍t le chef des aſ‍ſaillans : & qu’il fuſ‍t ſuyui des gentilshommes de la Religion, qui lors ſe trouueroyent en cour, deſquels il ne falloit pas douter qu’il ne s’en trouuaſ‍t vn bon nombre : & que ceux qui deffendroyent le fort fuſ‍ſent des plus feaux & aſ‍ſeurez courtiſans, Capitaines & ſoldats du tyran : deſquels les chefs auroyent le mot de guet de tout ce qu’il leur faudroit faire. Qui ſeroit, ſelon ſon auis, de charger à plomb leurs harquebouzes, les encarrer & tirer droit à l’Amiral & à ceux de ſa trouppe, leur courre ſus à bon eſcient, & les tuer, comme qu’il en fuſ‍t, apres auoir fait quelque ſemblant au commencement de combatre & de ſe deffendre ſeulement pour le plaiſir.

Que cela fait on viendroit facilement à bout

des