roit faire, luy dit librement ſon auis, apres y auoir
bien penſé pour mieux faciliter l’affaire.
Mais comme Lignerolles, ne trouuant rien à
redire à vne trahiſon ſi bien proiect ee, luy fiſt la
choſe biẽ aiſee : ſans en rien parler d’auãtage leur
deſſ ein demoura couuert. Iuſqu’à ce qu’vn iour
le vieux Briquemaut, qui ſolicitoit auec Teligny,
& les autres les affaires de la Religion à la Cour :
eſt ant allé parler au tyran pour auoir quelque iuſt ice
des meurtres commis à Rouen ſur les fideles
apres la paix, & le trouuant froit & reſt if d’en
commander le chaſt iement : s’auança de dire au
tyran qu’il ſeroit à craindre, s’il n’en faiſoit faire
vengeance, que les Papiſt es deuinſſ ent ſi inſolens
qu’ils ſe permiſſ ent encores d’auantage, & que
les Huguenots ne les pouuans ſupporter fuſſ ent
contraints de recourir aux armes, s’ils n’y voyoyent
autre moyen d’en auoir iuſt ice : dont s’enſuyuroit
qu’on retourneroit en guerre auſsi forte
qu’auparauant.
Ce langage eſmeut le tyran à commander au
mareſchal de Montmorency de s’en aller iuſqu’à
Rouen, pour voir de remedier à tout.
Cependant Briquemaut s’en eſt ant allé de la
preſence du tyran : le tyran fit vuider ſa chambre
pour pouuoir blaſphemer à l’aiſe & ſe deſpiter
tout ſeul.
Lors que Lignerolles eſt ant admis dans la
chambre du tyran pour luy parler de quelque affaire,
le trouuant eſmeu de cholere, s’auança de
luy demander tout doucement l’occaſion de