Aller au contenu

Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
D I A L O G V EI I.

roit faire, luy dit librement ſon auis, apres y auoir bien penſé pour mieux faciliter l’affaire.
Mais comme Lignerolles, ne trouuant rien à redire à vne trahiſon ſi bien proiec‍tee, luy fiſ‍t la choſe biẽ aiſee : ſans en rien parler d’auãtage leur deſ‍ſein demoura couuert. Iuſqu’à ce qu’vn iour le vieux Briquemaut, qui ſolicitoit auec Teligny, & les autres les affaires de la Religion à la Cour : eſ‍tant allé parler au tyran pour auoir quelque iuſ‍tice des meurtres commis à Rouen ſur les fideles apres la paix, & le trouuant froit & reſ‍tif d’en commander le chaſ‍tiement : s’auança de dire au tyran qu’il ſeroit à craindre, s’il n’en faiſoit faire vengeance, que les Papiſ‍tes deuinſ‍ſent ſi inſolens qu’ils ſe permiſ‍ſent encores d’auantage, & que les Huguenots ne les pouuans ſupporter fuſ‍ſent contraints de recourir aux armes, s’ils n’y voyoyent autre moyen d’en auoir iuſ‍tice : dont s’enſuyuroit qu’on retourneroit en guerre auſsi forte qu’auparauant.
Ce langage eſmeut le tyran à commander au mareſchal de Montmorency de s’en aller iuſqu’à Rouen, pour voir de remedier à tout.
Cependant Briquemaut s’en eſ‍tant allé de la preſence du tyran : le tyran fit vuider ſa chambre pour pouuoir blaſphemer à l’aiſe & ſe deſpiter tout ſeul.
Lors que Lignerolles eſ‍tant admis dans la chambre du tyran pour luy parler de quelque affaire, le trouuant eſmeu de cholere, s’auança de

luy demander tout doucement l’occaſion de

ſon