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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/382

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D I A L O G V EI I.

tu deſcouures mes ſecrets, Bougre, ie me donne, &c.
Ce poure vilain du Peron ſe voyant ainſi rudoyé, plus mort que vif & tout tremblant, commença à reſpondre au Sire, que iamais il n’auoit penſé ſeulement d’en ouurir la bouche : le ſuppliant de le faire pendre, s’il trouuoit qu’il ne fuſ‍t ainſi.
Le tyran ne ſachãt que dire, s’en alla lors trouuer ſon frere, luy demandãt s’il n’auoit point parlé à quelcun de ceſ‍t affaire. Et comme ſon frere, en le ſuppliant de luy pardonner, luy euſ‍t confeſ‍ſé qu’il s’en eſ‍toit deſcouuert à Lignerolles, & non à autre, le cognoiſ‍ſant homme ſecret & de diſcours, afin d’en auoir ſon auis pour mieux executer le cas. I’ay bien cognu, dit le tyran, que quecun luy auoit parlé : vous m’auez fait vn deſplaiſir qui me gardera de vous rien plus dire : quant à Lignerolles, c’eſ‍t vn ſot, il faut qu’il meure. Car eſcoutez ie ne veux pas qu’il en ouure iamais la bouche.
Le duc d’Aniou, cognoiſ‍ſant ſa faute, celle de Lignerolles & la cholere du tyran, ne ſceut autre choſe que dire, ſinon qu’il ne s’y oppoſoit pas. Dés ceſ‍te heure-là le tyran ayant fait venir à ſoy ſon frere baſ‍tard le Cheuallier, luy cõmanda d’aller trouuer le ieune Villequier, de luy fournir ſix ou ſept bons hommes pour eſcorte, & luy dire de ſa part que par le ſang il eſ‍toit laſche, couard & recreu de courage, s’il n’eſ‍ſayoit à auoir raiſon

de Lignerolles, qui luy auoit fait tort.

Le