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D I A L O G V EI I.

che deſir, de prendre vn autre expedient par l’aduis de ces premiers conſeilliers & du Duc d’Aumale & de Neuers, auxquels il communica le fait vn peu auant les nopces.
En ces entrefaites le Duc de Guiſe, qui doutoit que l’Amiral auquel il portoit particuliere inimitié, luy eſchappaſ‍t & qu’il ſe retiraſ‍t de la Cour, comme il en auoit enuie, luy fit tirer le coup d’arquebouſade que tu ſcay le vendredy deuant le maſ‍ſacre. Qui fut cauſe qu’ils changerent encore leur proiec‍t, faiſans à l’œil & ſelon l’occurrence (au deſceu de ceux à qui ils auoyent cillé les yeux auec leurs careſ‍ſes de Cour) leur traiſ‍treſ‍ſe & deſlovalle guerre ſur les gens de bien, mal-auiſez. Voila ce qu’en i’en ay peu apprendre de plus veritable en la Cour.
Hiſ‍toriog. Ce fait eſ‍t autant remarquable que nul autre de ceux que tu m’as recité afin que vn chaſcun cognoiſ‍ſe la deſloyauté des tyrans : & que les Courtiſans apprennent ce qu’ils en doyuent eſperer.
Le pol. C’eſ‍t merueille qu’en voyant tant d’exemples apparens, voyant le danger preſent, perſonne ne ſe veut faire ſage au moins aux deſpens d’autruy : & que de tant de gens qui s’approchent ſi volontiers des tyrans, il n’y a pas vn qui ait l’auiſement & la hardieſ‍ſe de leur dire, ce que dit le regnard au lion (qu’on dit eſ‍tre le Roy des beſ‍tes, qui faiſoit, comme dit le conte, le malade dans ſa taſniere) ie t’irois voir luy dit-il (Sire) & bien ſouuent de bon cœur :

mais ie voy tant de traces de beſ‍tes qui vont en

auant