auant vers toy & en arriere qui reuienent ie n’en
voy pas ſeulement vne.
L’hiſt . Si feu monſieur l’Amiral euſt ſceu
ce conte & qu’il euſt parlé en regnard, il nous
en euſt à tous mieux pris. Mais la brebis comme
tu ſcay, ne ſcait rien faire que beeler, & ne
ſcachant auec les loups hurler pour deſguiſer ſa
voix, elle n’a garde d’eſchapper. Mais quant à
ces autres Courtiſans : quel remede ?
Quand ces miſerables voyans reluire le threſor
du tyran, qu’il tire de la ſueur du peuple,
& de la deſpouille des bons, regardent tous eſt onnez
les rayons de ſa brauerie : & alléchez de
ceſt e clarté s’approchent de luy, ſans regarder
qu’ils ſe mettent dans la flamme qui ne peut faillir
à les conſumer.
Ainſi le Satyre indiſcret voyant, comme diſent
les fables anciennes, eſclairer le feu trouué
par Promethee, le trouua ſi beau qu’il l’alla
baiſer & s’y bruſler.
Àinſi le Papillon qui eſpere iouyr de quelque
grand plaiſir ſe met au feu de la chandelle,
qu’il voit eſt re clair & luyſant, eſprouuant en
iceluy ſon autre vertu qui le bruſle.
C’eſt vne choſe bien certaine que ces coquins
mendie-faueurs ſouffrent vne peine incredible,
à qui y regarde de pres : eſt ans contrains d’eſt re
nuict & iour après à ſonger pour
plaire au tyran, & ſe rompre, ſe tuer, & trauaiiler
pour inuenter nouueaux moyens de trahir,
de tuer, de paillarder, de piller, de deſrober,
& qu’ils laiſſ ent leur gouſt pour le ſien,