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pet vſurpa le Royaume, lequel depuis eſ‍t tombé és mains de ſes ſucceſ‍ſeurs de Valois, auſquels les Lorrains l’arracheroyent facilement, ſi la vertu des naturels vaſ‍ſaux & loyaux ſuiets, n’y mettoit empeſchement. Quant à la religion, ils deſiroyent que le Roy ſe laiſ‍ſaſ‍t flechir, à faire ceſ‍ſer les feux qui eſ‍toyent allumez par tout le Royaume encontre les Lutheriens, à cauſe de leur foy & doc‍trine, laquelle les Lutheriens diſoyent eſ‍tre contens, que le Roy fiſ‍t examiner aux gens doc‍tes par la ſainc‍te Eſcriture, ſeul & vray iuge de ce faic‍t.
Ces poinc‍ts redigez par eſcrit en forme de ſupplication & remonſ‍trance, Loys de Bourbon prince de Condé, s’eſ‍toit chargé de les preſenter au Roy, qui pour lors eſ‍toit à Amboiſe : Quand ceux de Lorraine, doutans qu’vne telle requeſ‍te ne fuſ‍t cauſe de quelque ſiniſ‍tre changement à leur deſauantage, par le moyen des gentilshommes de leur ſuite, & des archers de la garde, firent empoigner aucuns des gentilshommes qui eſ‍toyent venus pour accompagner le prince de Condé : les firent executer à mort, & eſcarterent les autres : de ſorte, que ce deſ‍ſin des Princes & ſeigneurs Frãçois fut de tout poinc‍t interuerty, & vn bruit ſemé (pour rendre le faic‍t odieux) que ce n’eſ‍toie pas contre ceux de Lorraine, ains contre le Roy : non pour le ſupplier pour la religion, ou pour le bien de l’eſ‍tat, ains pour l’occuper & enuahir, que celle entrepriſe eſ‍toit faite. Le nom de Huguenot fut auſsi dés lors mis à ſus, pour vn

ſobriquet d’ignominie à ceux qu’auparavant on

A. v.