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D I A L O G V EI.

nue, qui iamais fut en France : la Royne-mere la recueillit comme ſa treſchere ſoeur : toute la cour en ſomme, s’en reſiouiſ‍ſait, en double façon.
Le mariage du prince de Nauarre, auec Madame ſœuer du Roy, fut (apres pluſieurs menées, & difficultez faites ſur la forme des ceremonies) enfin conclu & arreſ‍té : & auiſé que les promeſ‍ſes des eſpoux à venir, ſeroyent receuës par le cardinal de Bourbon, hors des ceremonies de l’egliſe Romaine, pour ne point forcer la conſcience du prince de Nauarre Huguenot. Quelque temps apres, la royne de Nauarre fort contente, partit de la cour, qui pour lors eſ‍toit à Bloys, pour s’en aller à Paris. L’Amiral auſsi s’eſ‍toit retiré auparauant en ſa maiſon de Chaſ‍tillõ, où il receuoit ſouent letres & meſ‍ſages du Roy, qui luy demãdoit ſon conſeil és affaires occurrens, eſquels il monſ‍troit ne vouloir rien refoudre d’importance, ſans ſon auis.
La royne de Nauarre au partir de la cour, eſ‍tant venue à Paris, tomba malade, & cinq iours apres mourut, en l’aage de 43. à 44. ans, d’vn boucon qui luy fut donné à vn feſ‍tin, où le duc d’Aniou eſ‍toit, ſelon que i’ay ouy dire à vn de ſes domeſ‍tiques : dont on ne voulut parler, de peur que ce fuſ‍t occaſion de rompre ledic‍t mariage, deſiré de tous les amateurs de paix & ſans ſoupçon.
Ali. Le Seigneur a accouſ‍tumé de retirer en vne façon ou en l’autre, ſes bien-aimez en paix, quand il veut faire venir quelque mal ſur ſon peuple : Ainſi le promit-il & l’obſerua à Ioſias roy d’lſrael,

pour un ſingulier benefice.

C.ii.