Les playes penſees par les plus experts chyrurgiens,
le roy de Nauarre, & le prince de Condé allerẽt
trouuer le Roy, auquel ils firent leurs plaintes
ſelon le merite du faict : remonſt rans qu’il ne
faiſoit pas ſeur dans Paris pour eux, & le ſuppliãs
treshumblemẽt de leur donner congé d’en ſortir,
& de ſe retirer ailleurs.
Le Roy ſe complaignant auſsi à eux du deſaſt re
auenu, & les conſolant, iura & promit de faire
du coulpable, des conſentans & fauteurs ſi memorable
iuſt ice, que l’Amiral & ſes amis auroyẽt
dequoy ſe contenter : cependant il les prie de ne
bouger de la cour, & qu’ils luy en laiſſ ent la punition
& vengeance, & s’aſſ eurent qu’il y pouruoira
bien toſt .
La Royne mere qui là auſsi eſt oit, monſt roit
d’eſt re bien fort marrie du cas aduenu : Que c’eſt oit
vn grand outrage fait au Roy, qu’à le ſupporter
auiourd’huy, demain on prendroit la hardieſſ e
d’en faire autant dans le Louure, vne autre fois
dans ſon lict , & l’autre dedans ſon ſein & entre ſes
bras. Par ceſt artifice, le roy de Nauarre, le prince
de Condé, les autres ſeigneurs & gentils hommes
François Huguenots, furent arreſt ez dans Paris.
Mais pource qu’il ſembla bon à aucuns d’entr’eux,
de faire conduire l’Amiral en ſa maiſon de
Chaſt illon ſur Loin diſt ant deux iournees de
Paris : le Roy pour empeſcher ce deſſ ein , luy offrit
chãbre dãs le Louure pour s’y retirer : Que s’il ne
pouuoit pour la douleur des playes remuer de logis,
il luy enuoyeroit vne cõpagnie des ſoldats de
ſa garde, pour la ſeureté de ſa perſonne & de ſon
logis.