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MANDRIN.

fête, aussitôt entré plaça des vedettes dans toutes les rues et un gros détachement dans la Hasle, < une des plus belles du royaume, où on entretenait des lanternes pendant l’hiver, depuis un an. > C’était le forum de la cité, le lieu où l’on se fût réuni infailliblement pour résister, si l’on avait eu cette velléité ou ce caprice. Défense fut faite aux habitants de sortir des maisons, mais la tradition vent qu’on n’ait pointinterdit aux dames de se mettre aux fenêtres. Elles n’eurent garde d’y manquer, vu qu’elles se mouraientmoitié de peur, moitié aussid’envie de voir ce beau jeune ehef de brigands, de savoir comment il était tourné, lui qu’on aimait à comparer à Henri VIII d’Angleterre, parce qu’il n’avait jamais refusé ni la vie d’un homme, ni l’honneur d’une femme. Pendant ce temps, le bean chef de brigands s’occupa d’affaires : une fois la ville prise, son premier soin fut de se porter chez le sieur de Laroche, directeur des Fermes de Sa Majesté, lequel n’ent que le temps de se sauver, lui, non pas de sauver la caisse, où Mandrin puisa sans désemparer 15, 000 livres. Le procès-verbal assure que les contrebandiers, n’ayant pas trouvé ledit sieur de Laroche, avaient demandé la dame son épouse, à laquelle ils avaient dit qu’ils venaient apporter à son mari pour 20, 000 livres de tabae et qu’elle eût à leur compter ladite somme. La dame ayant répondu qu’elle n’avait pas d’argent, ils l’auraient enlevée de chez elle, à demi vêtue, avec menaces et violences, et l’auraient traduite en notre hôtel, dit le chroniqueur (de la Teyssonnière), rassurant les bourgeois et disant qu’ils n’en voulaient qu’aux employés.

c Ayant vu par nous-même plusicurs d’entre eux qui entraient avec la dame de Laroche dans la maison