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MANDRIN.

Mandrin et ses acolytes quittèrent Bourg vers le soir ; ce fut M. de la Teyssonnière qui recondaisit les envahisseurs. « La baude des contrebandiers, dit-il, partit la nuit dans un état d’ivresse tel qu’ils eurent de la peine à nonter à cheval, de telle sorte que vingtquatre hommes anraient suffi pour les exterminer ou les arrêter. > Puis on se sépara en point trop mauvais termes, paraît-il, et pour que les ehoses fussent bien en règle et qu’on ne conrût pas risque de venir après conp sur personne, Mandrin laissa en mains de M. de la Teyssonnière la quittance que voici, que nous transcrivons avec son orthographe : « Je déclare avoir reçue de Monsieur le chvalier Chosat, quapitaine au régit. de Nice, la somme de vingt mille livres pour marchandise que j’ay livré à Madame Laroche à Bourg, ce 5 octobre 1754. « L. MANDRIN. >

A Versailles, nous dit le biographe de Mandrin, le procès-verbal des événements de Bourg ne causa point une impression autrement facheuse à l’endroit de M. l’intendant. Il avait mis à faire sa police une clairvoyance telle, tant d’habileté, qu’un bandit avait pu le surprendre dans une ville forte et lui faire signer des ordres ignominienx ; il avait montré, dans l’administration de la justice, une fermeté allant jusqu’à faire sommer Mandrin de se retirer et, dans la gestion des finances, une magnanimité allant jusqu’à ouvrir les caisses de l’Etat pour épargner à un voleur public l’ennui d’avoir à les forcer. Toute cette conduite parut si naturelle et fut si approuvée, que le roi Louis XVI en récompensa M. de Fleury en l’appelant à la périlleuse succession de Necker.