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MANDRIN.

s’établir aux Délices, pensa avoir sa visite. Il conte qu’il se prépara à le recevoir en armant toute sa. maison, y compris son théologien ordinaire, le Père Adam, « qui n’était pas le premier homme du monde. » Comme Mandrin ne vint pas, Voltaire le déclare e le plus magnanime des contrebandiers et regrette qu’on ne l’ait pas employé à peupler le Canada, à quoi il eût réussi.

Nous avons vu les débuts de Mandrin, nous avons vu ses triomphes, nous allons voir sa défaite et sa fin, car toute chose en ce monde a une fin, comme toute médaille a son revers. L’occupation de cités comme Rhodez, le Puy, Montbrison, Bourg, par uno poignée de bandits, était un scandale administratif et politique qui finit par secouer le gouvernement de sa torpeur : enfin on se décida à Versailles à faire quelque chose pour empêcher que ce scandale ne recommençãt, d’autant plus qu’on apprit que l’infatigable bandit allait se remettre en campagne.

Qu’allait-on faire ? Border les frontières ? En garder les passes ? Il n’y fallait pas songer, cela eût trop coûté. Le roi venait de dépenser une jolie somme pour marier la petite Murfi, dont il avait un enfant, avec un gentilhomme à qui on la donnait pour être des O’Murphy d’Irlande. De plus, il venait de faire à Trianon, pour la marquise, un poulailler qui allait à 400, 000 livres, un million d’aujourd’hui. Il fallait se borner.

On ent recours à un autre expédient qu’on estima moins coûteux : on plaça à Puiseaux, où l’on savait que devait passer Mandrin, un corps frane composé de grenadiers et de hussards recrutés en Allemagne