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MANDRIN.

La roue était un supplice inconnu à l’antiquité ; l’Allemagne a eu la gloire de l’inventer, le roi Francois Ier l’honnenr de l’acclimater en France (en l’appliquant à de panvres innocents qui n’avaient commis d’autre crime que de lire l’Evangile gaire et de se refuser à croire ce que leur enseignait le clergé ; mais ainsi le voulait la gent prêtre, qui gouvernait alors la France). Le patient était dépouillé de ses vêtements ; om pouvait voir la chair frémir par avance, on voyait mieux ensuite ce que le bourreau, bien nommé autrefois carnacier, en faisait. Il brisait méthodiquement de neuf coups de barre de fer les deux bras du patient, puis les deux enisses, puis les reins ; après le délai ; soigneusement stipulé par Mossieurs de la cour, était octroyé le coup de grâce. Ce qui restait après cela de l’image de Dieu demeurait exposé sur la roue autant d’heures que la sentence l’avait ordonné et jugé nécessaire à l’iustruction et édification des enfants des écoles, placés au premier rang des en langue vulspectateurs. Ce

fut le 26 mai 1755 que fut roué Mandrin. Il n’avait guère que 31 ans. Il avait vécu dix aus de la vie la plus pleine et la plus intense qu’lhomme de son temps et de sa classe pût rêver. Il donna une dernière preuve de ses facultés vraiment supérienres à ses juges, dit un de ceux qui parlent de lui ; sa contenance fut celle d’un homme qui connaissait le sort qui lui était réservé et ne le redoutait pas. Il entendit sans être ému la sentence qui le condamnait à la roue, et y marcha d’un pas ferme. Une lettre de Valence à la Gazette d’Amsterdam dit que son intrépidité l’a accompagné jusque sur l’échafaud, où son attitude a parn admirable. Nous nous rappelons avoir entendu raconter à nos