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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. plus important, avec lequel il pourra se faire une place notable parmi les peintres ; après ça, son voyage en sera d’autant plus agréable et plus utile. > Ce tablean qui, dès son apparition, fut acheté par la Société des Arts de Berlin, est un chef-d’euvre de composition dramatique. Le bateau a atteint la cascade, il s’enfonee dans les flots, seule sa pointe sort encore ; deux figures s’y tiennent cramponnées, Iuttant dans leur désespoir avec la mort ; l’une est celle d’un jeune moine qui tend une de ses mains dans l’espoir d’atteindre un buisson sur la rive et de le saisir ; devant lui un petit garçon pousse des cris et tâche d’en faire antant. Vaine espérance ! tous deux sont entraînés à l’abîme. Un moine, en présence de la mort, tombe évanoui ; un autre, un vieillard, a réglé son eompte avec la vie ; la tête basse, il se couvre de son manteau et attend placidement le moment d’être plongé dans le gouffre. La composition entière est un modèle de simplicité et de pureté linéaire ; le groupe forme une pyramide puissante, dont le moine avee son manteau flottant occupe le sommet. Au-dessous du bateau, l’eil se voit en face d’une eau bruyante, laquelle de siècle en sièele tombe ainsi éternellement la mêmne. Ici les sentiments, momentanément surexcités, reprennent leur calme ; un oiseau, seul témoin du naufrage, promène ses vastes ailes au sein de l’éther, dans un vol lent, au-dessus des flots qui écument ; c’est le repos en face de l’éternité. Les Moines de Terni et la vue de l’atelier qu’occupaient les deux Robert fnrent les dernières euvres qui marquèrent la fin du séjour d’Aurèle à Rome. En février, il retourna à la Chaux-de Fonds, où il précéda. de peu son frère. Il ne nous est point arrivé d’apprendre quel chemin prit l’artiste pour revenir au pays ;