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AURÈLE ROBERT.

AURÈLE ROBERT. 315

en revanche, Aurèle a souvent raconté comment, arrivé si près du but de ses désirs, il se vit bien près d’être privé d’un seul eoup du fruit de tous ses labeurs. Les voyageurs marchaient le long d’un sentier étroit, couvert de glace ; ils atteignirent une hauteur où une dame déclara qu’en proie au vertige, il lui était impossible d’aller plus loin. Alors les conducteurs prirent l’épouvantée, l’attachèrent sur un trafueau, où ils l’entourèrent si bien de couvertures et de matelas qu’il lui était impossible de faire seulement un mouvement, et l’on part. Quand voici que, dans un mandit tournant, l’équipage se met à dévier, puis à glisser. L’effroi s’eunpare de tout le monde et ce n’est qu’à la résolution du postillon, qui appliqne un vigoureux coup de fouet à son attelage et le contraint, vaille que vaille, à faire un bond et un effort pour sortir de ce mauvais pas, qu’on doit d’éviter une eatastrophe. La dame et l’équipage étaient sauvés, mais le portefeuille d’Aurèle, trop lâchement lic derrière, s’était détaché et gisait au fond du précipice. Qu’on se figure l’effroi, le désespoir du peintre ! Le produit de ses efforts, de ses travaux durant un nombre d’années, le voir perdu sans retour ! Le parti d’Aurèle est bientôt pris. mort ! » s’écrie-t-il,

qu’il court, le voilà à se dévaler dans le précipice. Le bonheurrécompensa son courage : au bout de plusieurs heures de la lutte la plus pénible, à bout de forces, mais triomphant, Aurèle, son portefeuille sous le bras, rejoignait les autres voyageurs. Notre peintre, à cette époque, doit avoir passé quelque temps sous le toit paternel, car ce n’est qu’en juin suivant que nous le retrouvons à Paris, où Léopold vient le rejoindre ; il y arriva le même jour. Les to

« Mon portefeuille ou la — et sans songer à tous les dangers