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AURÈLE ROBERT.

AURĖLE ROBERT. lettres…… Je me souhaite quelques compagnons intimes, sur les conseils et l’amitié de qui je puisse compter ; aussi ne doit-on pas s’étonner si je demande cela à un frère, avec qui j’aimerais à vivre en commun, et si je désire qu’un bon ami plein de talent l’accompague. … » Ce fut en février 1833 qu’Aurèle se rendit à Venise. Léopold sembla revenir à la vie. Iei uu monde absolument nouveau allait s’ouvrir soudain aux yeux d’Aurèle, vu que de toutes les villes d’Italie, Venise est, avec Rome, celle qui offre le plus de charmes. Nulle part au monde peut-être les souvenirs du passé ne revivent avec une intensité plus grande. Venise, de même que Rome, a régné au temps jadis sur des empires, exercé pendant des siècles sa puissance sur des contrées lointaines, brillantes de toute la pompe orientale et de ces arts qui charment l’occident ; aussi ces deux capitales se sont parées de monuments immortels. Mais, pour Rome comme pour Venise, le temps est à la fi venu, faisant justice des magnificences du monde. Néanmoins, riches de leur passé, ces deux illustres cités brillent eneore d’un éclat féerique ; aussi depuis des siècles sont-elles le but constant du pèlerinage des touristes, qui trouvent une nature en accord avec ce qu’ont laissé les siècles ; et si Rome a sa campagne aux lignes infinies et merveilleuses, Venise sort imposante des flots de l’Adriatique, nageant dans l’atmosphère colorée et humide de ses lagunes, tout empreinte d’une mélancolique grandenr.

Comment s’étonner qu’au sein d’un tel milieu, Aurèle, obéissant à son premier instinct, recommençât à prendre pour guide l’architecture et se remît à l’étudier ? Pourtant ses premières ceuvres furent des tableaux de genre ; il peignit un pêcheur vénitien avec